Constatant que mes échecs sociétaux d’artiste sont arrivés à leur apogée en 2013, pour mieux aborder ma réalité d’aujourd’hui, je me proclame plus fort poète. Il faut maintenant le faire savoir, justifier, légitimer cette solution floue qui embrasse mieux, donne plus de force et d’emprises à mes passions qu'il faut partager. Un système ne fonctionne pas ? Voilà de la contradiction ajoutée aux contradiction auxquelles je me confronte. Âpre sentences d'hiver, version racontée.


être un homme libre et affronter des affres déroutants

   Depuis des lustres, tous les matins à mon réveil, mon esprit se tourne soit vers mon travail, soit se trouve tourmenté par cette sempiternelle ritournelle : bandes de cons. La quantité d’exemples malheureux que je vis dans ma communication professionnelle d’artiste plasticien en 2013, je ne les digère pas.
   Ce constat est celui de la stagnation de tout un domaine culturel auquel je me confronte et les choses empirent alors que je me suis universalisé dans ma culture et mon travail et que mes maniements dans les langages font merveille. J’ai exploré avec succès des zones inconnues et cela fait un moment que les gens sensibles aiment mon travail. Le fait est qu’il évolue bien avec le temps. La réalité est que je reste exclu, dans l’ombre, c’est ce mystère que j’ai à dénoncer dans ces 6 pages. Le moment est venu parce qu’aussi, le contexte politique évolue, il n’y a pas à attendre.
   
   2013, de mon propre point de vue, c’est l’année de mes 50 ans qui a coïncidé avec celle des serpents. Ils ont fait des prodiges, ce n’est pas un hasard. Je me laisse guider par l’accumulation de ces intuitions de plus en plus nombreuses que j’arrive à traiter et à concrétiser dans mes projets. Les choses se font naturellement et le travail me procure de grands bonheurs, l’enjeu est là. Sauf qu’a contrario, malgré ma communication ciblée pour me présenter, rien ne bouge. Il me faut donc raconter et livrer ces affres maudits dont je pâtis aux yeux de tous, sinon je ne m’en sortirai pas davantage en 2014. Et c’est en tant que poète, c’est-à-dire penseur, plein d’assurance, juge et je prends mes responsabilités.

discipline intellectuelle
   Ce texte est un rapport rédempteur, salutaire, qui changera le lecteur, je l’espère, des registres habituels.
Rédiger ma réalité sociétale, c’était un objectif que je m’étais fixé pour cette fin de décembre. Je savais que cette parenthèse intellectuelle allait être une épreuve âpre et difficile, une rupture dans le travail. Ce fut un tunnel néanmoins salvateur. Vu que je n’avais rien à fêter avec les autres, je fus indifférent aux frivolités extérieures. L’avantage, c’est que durant le mois de décembre, j’avais écouté de nombreuses interviews de spécialistes qui analysaient l’état de la société * et ces commentaires passionnants m’ont réconforté dans la rédaction de ce rapport. En décembre également, une chronique présentant « Appel d’air » d’Annie Le Brun m’interpella, cet ouvrage paraissant fort à propos**.
 

contexte politique
   Il y a quelques années, nous étions dans un contexte politique flou et ambigu, les capitalistes bâillonnant les révolutionnaires, je faisais le dos rond. Les dégâts sont là mais maintenant que le gouvernement a annoncé cet élan vers une nouvelle ère de progrès auquel je crois, le milieu incriminé se sclérose et n’a plus assez d’alibis. Voyons en quoi ce fonctionnement de caste verrouillée par cette idéologie libérale ambiguë, cette pieuvre atone qui ne remplit pas ses missions républicaines et conjointement ce flair commercial, pour les autres. Je ne peux rester là à regarder les carottes se cuire, pour ne pas dire se décomposer, sans intervenir.







* Cf. le programme de l’émission "La grande Table" sur la radio France-Culture  
** Je commandais ce livre et au moment où je corrige les derniers détails, bonne pioche. Du coup, je mets une citation  « … la poésie  comme la science travaillent , par les moyens les plus opposés, à faire apparaître les êtres et les choses libres de leurs entraves conceptuelles, idéologiques ou morales, c’est-à-dire commencent à rendre, métaphoriquement et théoriquement, la richesse  et la complexité de leur rapport au reste du monde. » édition Verdier.






2013, c’est le bec dans l'eau avec ma correspondance, les 20 exemples, chronologiquement
           
-  Fin de l'hiver dernier, dans le cadre de la journée art/industrie, je vois qu'un directeur de frac organise une conférence de deux artistes pour un public d’industriels de la plasturgie. Ce speech est accompagné d'une exposition du travail des protagonistes. Je saute sur l'occasion pour montrer à ce Monsieur l'étendue de mes réalisations en ce domaine dont une œuvre plutôt belle que je viens notamment de retravailler. Je lui fait un bref exposé sur la richesse, la spécificité, la diversité et l'évolution de mes œuvres. Je souligne à ce directeur que j'avais fait une exposition en 98 dans sa région, que celle-ci m'avait valu du succès. Je lui parle de mon rapport hasardeux avec l'Industrie de la Plasturgie et lui dit également qu'il doit me connaître vu qu'il avait fait partie d'une commission de bourse que j'avais présentée, il y a cinq ans. Je n'ai pas eu cette bourse et me suis débrouillé sans et comme par hasard (…) l'une des deux artistes faisait aussi parti du jury (...). Voilà en quoi, en regard de mon travail, je le mets au défit de me prouver une quelconque légitimité à ces deux artistes. Pas de réponse.  

-   Je re contacte la responsable de la plasturgie nationale que j'avais connue dans les 90's (elle a changé de secteur d'activités) et perdu de vue, pour savoir ce qu'était devenue la sculpture qu'elle avait choisie et que je lui avait gracieusement amené à son bureau. Pas de réponse.

-   Je re contacte un artiste célèbre et reconnu pour lui re évoquer mes problèmes (il m’a une fois témoigné dans une lettre son intérêts pour mes travaux) vu que dans un article, il dit vouloir installer un nouveau concept pour école d'art. Pas de réponse.

-   Je contacte deux-trois jeunes artistes expopotes* dont je me sens d'un certain point de vue proche et m'en explique dans le courrier que je leur adresse pour me présenter. J’ai déjà fait cela les années précédentes. Par plusieurs fois, j’en relance une. Pas de réponses.


-   Je trouve les coordonnées de deux-trois commissaires via « viadeo » un nouveau réseau social et leur envoie une brève invitation à me rejoindre. Comme les années précédentes avec ces nouveaux acteurs de cette scène professionnelle, pas de réponses.  


-   Un autre directeur de Frac organise une rétrospective de sa collection et prend comme commissaire l'artiste qui a fait sa conférence et son expo au printemps dans l’autre frac. Ce directeur là par contre, lui me connaît (…). Je lui rappelle ses bons souvenirs. Pas de réponse.


-   Je contacte la directrice d'un frac qui semble relativement proche de mon travail. Je relance son assistante, pas de réponse.        


-   Je contacte un directeur d'une toute jeune galerie parisienne qui semble hors-norme (elle est vraisemblablement soutenue par un écrivain en vogue). Le directeur de cette galerie manifeste un semblant d'intérêt pour mon travail (..) et plus j'avance plus je réalise son incompétence (un philosophe de formation), lui adresse des questions assez floues.  


-   Je contacte le nouveau directeur de la Maison de la Poésie estimant qu'il y a suffisamment d'avancées dans mes démarches dans ce domaine pour me sentir légitime, de le lui démontrer et ce, malgré une programmation pas vraiment tournée vers les arts plastiques. Je ne peux me reprocher maintenant de ne pas l'avoir fait. Pas de réponse.    


-   J'écris mon Xème courrier à mon inspecteur attitré et lui fait part de mon intention d'écrire un brulot, outré que je suis par le fonctionnement, la politique du cnap (ses acquisition, ses soutiens), lui demande une fois de plus de me conseiller les commissaires et critiques qui apprécieraient mon travail vu que je n'en connais pas, il le sait.    


-   Je contacte durant l’été un clan d’expopotes qui font chaque année une vente de Noël, pour avoir l’opportunité d’y participer. En voyant ce qu’ils proposent, comment ils fonctionnent, je leur propose un échantillons de petites sculptures otaku et quatre sérigraphies. La rentrée s’installe, je n’achète ni cadres, ni encres, ni papiers, vu je n’ai pas de nouvelles de ce collectif et opte pour une meilleure préparation de mes photos égyptiennes. Début décembre, ces  expopotes m’adressent un mail promouvant leur événement. Je découvre dans leur liste un artiste que je connais (il par ailleurs prof et dans une galerie parisienne).    

* expopotes : néologisme de circonstance de décembre (une entreprise internet au Brésil)
-   Par curiosité, je vais voir le philosophe* en conf-spectacle, depuis le temps que je voyais son nom dans les articles pointus en art contemporain. Bla-blas insupportables, un singe savant. Je pense à l'autre esprit spéculatif de référence parisien, celui qui sort un bouquin chaque année et à qui j'avais écrit l'an dernier, sans réponses (cela va de soit). Je ne cherche ni à rencontrer leurs disciples, ni à lire plus avant les ouvrages de ces gourous, je subis suffisamment les conséquences condescendantes de ces initiés expopotes.


-   Je publie un post ravageur en commentaires à l’article d'une exposition en vogue d'un artiste de la sensiblerie clinquante au top des expopotes. Je mets les habitués de ce blog en déroute. J’acquière une certaine notoriété, finie la condescendance.


-   Je fais un commentaire sur Fb, à propos d'une soirée débile et obscène organisée au Palais de Tokyo et je profite de ce sommet linguistico-branché pour mettre ces gens face à leurs contradictions. Je doute d’être comprit, comme d’hab. on ne réagit pas.  Par ailleurs, mes requêtes pour avoir une explication à cette histoire bien réelle et mystérieuse qui m’est arrivée avec son directeur restent lettres mortes. À la vue de leur fonctionnement et de leurs choix artistiques, je serais bien tenté de les relancer encore et encore. Que faire, humilier ces expopotes, super ! Pas de réponse.      


-   Je re contacte au téléphone la directrice d'une galerie en vogue que je connais depuis longtemps pour qu’on arrive à se voir, depuis le temps. Avis favorable et avec Fb où l’on devient amis, avant les vacances d’été, elle m’adresse une petite lettre dans laquelle elle me prouve sa sympathie, me dit qu’elle aime mon travail. Paradoxalement j’ai toujours trouvé que je n'ai pas grand-chose à voir avec ses poulains, peu importe. Elle me parle de ses problèmes existentiels ingérables, n'a pas le temps de rien. Sur des conseils, je laisse venir sauf qu’un jour je réalise qu'elle m’a supprimé de son interminable liste d'amis.  


-   Je contacte un mandarin d'une école d'art à la pointe, un biographe de plus en plus prisé parce que je l'entendais à la radio et réalisais qu'il serait lui, sensible à mon parcours et rédige alors une lettre de présentation où je lui dévoile beaucoup de mes bonnes cartes, une lettre au maximum de ma puissance. Je le relance et téléphone à l'école où il enseigne et ne lâche pas l'affaire. Rien, alors j'enquête à la marge et il m’accepte (c’est en soit mystérieux) sur sa liste d’amis facebookien, mes déceptions s'étayent rapidement. Je réalise qu’il écrit annuellement des biographies sur des artistes hors-normes dont j’aime l’esprit et il resterait sourd à mes singularités ? Pas de réponse.   


-   On me passe finalement au téléphone une responsable de l'école d'art à la pointe (…) où enseigne le mandarin du paragraphe précédent. Quelle aubaine, mais cette dame me ricane au nez et dans la conversation, dénomme le mandarin par son prénom alors que je lui dit être étonné que ce professeur ne répond pas à mon courrier. S’en suit une espèce de joute verbale, parce que là, trop c’est trop. J’écris alors à l’accueil pour obtenir un rdv avec eux. Pas de réponse.  


-   Je vire une petite une bande de bourgeoises activistes artys que je côtoyais depuis deux ans sur Fb. J'ai assisté à des évènements qu'elles mettent sur pied pour m'y faire connaître, rencontrer des gens quoi. Dégoûté à la longue par leurs agissements claniques et fermé, je clos cette merditude en annonçant que pour moi, la messe est dite. J’ai la faveur d’une question naïve en guise de réponse.

-   Je contacte un conservateur d'un musée d'art moderne que je ne connaissais pas et c'est à la radio que ses propos m'interpellent. Je suis surpris, il est original par ses points de vues, pour une fois l'art contemporain devient intéressant cette année. Y voyant des ramifications avec certaines de mes démarches et comme de bien entendu il ne peut lui me connaître, je lui écris une lettre pour me présenter, lui décrire mes zones prolifiques qui se rapprochent de ses préoccupations. Je le relance par trois fois. Pas de réponse.  
 
-   Je ne contacte pas les commissaires d’expositions, il y en a tout le temps des nouveaux. Ils ont grosso modo toujours le même profil. D’une part, je ne trouve pas leur travail pertinent et d’autre part ces gens se préservent évidemment du flot de courriers qu’ils reçoivent forcément en cachant leurs coordonnées. Ils ne partent donc pas du principe que ce sont eux qui sont contactés et ne se fient qu’aux circuits des expopotes.


* on se réfèrera plutôt par exemple à Raymond Queneau et son « Philosophes et voyous », édition Sillage
relancer les gens, c’est l’enfer



   Être adulte, c’est savoir ce que représente la gestion des affaires courantes et s’y conformer. Répondre à un courrier en fait partie, il n’y a pas besoin d’un secrétaire pour cela. Alors, moi du coup avec internet, à chaque fois que j’envoie une lettre (un mail), je déprime les journées d’après vu qu’il faut déjà penser (…) à envoyer un petit courrier de relance. C’est paraît-il, de mise que d’imaginer une mascarade mielleuse ou bien un coup de cliquet, dans une relation tout amicale, que l’on cherche à nouer. S’aventurer donc avec des propos basés sur ce que l’on soupçonne comme faiblesse chez la personne en question, non, quand même pas. Être flatteur alors, se lancer dans une étude astrologique, s’apercevoir des constantes avec les cancers (qui marchent de travers), les béliers, les taureaux, et compagnies, en tenir compte. Ou bien, crûment, la parité h/f poserait-elle déjà des problèmes? Les sacrifices (les vrais), non, non, non, c’est se mettre les gens à dos, les pieds dans le plat, etc. Les bonnes blagues potaches des expopotes, les expopotes qui s’éclatent et font la fête, en voyage aussi, spectacle et patati et patala.  




de la com comme correspondre mais à quoi ?

   De tous ces gens bien diversifiés à qui j'ai donc écris en 2013 des lettres sensées, appropriées et qui sans aucun doute, ont été lues, mais nul ne m'a répondu. Ne seraient-ce que quelques mots et, ils ne le feront jamais. Où est la politesse ? Déjà. Je vais citer trois exemples, trois références sur lesquelles je base mes valeurs sur le respect dans le domaine de la correspondance.  
   Celui qui m'a vraiment marqué, c'est Érasme. Réputé pour l'ampleur de ses travaux, sa grande érudition, il entretenait une correspondance tout aussi inouïe. Alors qu’un jour je lisais sa biographie, le nombre de lettres quotidienne qu'il rédigeait me parut totalement démesuré.
   Deuxième exemple, sur le devoir en société, parce que j'ai régulièrement entendu un de mes grands amis historien et véritable chercheur en cabinet, se plaindre de l'incurie, des rustres de l'administration française qu’il comparait aux anglo-saxons notamment, qui eux sont fair-play et répondent systématiquement aux lettres.
   En ce qui me concerne, je me souviens qu'il y a quinze ans, le commissaire le plus adulé que j'avais contacté un jour sur les conseils d’un ami, et bien ce grand Monsieur trouvait le temps de m'envoyer de temps en temps une carte, quelques mots gentils d'encouragements, pour répondre à mes lettres d'alors. Puis il mourut.

   Ne pas répondre quoi que ce soit à un courrier qui se tient et se distingue certainement par sa teneur intellectuelle originale est une faute. Même s’il y a désapprobation, ce n'est pas par un silence que l'on s’exprime. Ce sont les rustres, vulgairement dans la vie de tous les jours, chez qui le rien exprime le non et celui-ci se révèle avec le temps, c’est comme cela que ça marche. Je doute qu'en allant voir les pages de mon website, on ne puisse que me soutenir, je le sais alors, se passe-t-il autre chose ? Manque de temps ? Passer pour quelqu’un qui manque de temps ? Dans ces cas là, on s’excuse afin de ne pas se laisser enquiquiner par des relances extérieures. Commencer à répondre à la place des autres est hasardeux, mais comment expliquer ces fonctionnements? Je pourrais prévoir un questionnaire ironique à leur envoyer pour en savoir plus peut-être, non quand même pas. Esprit de corps, instinct clanique des expopotes? Je ne suis pas naïf au point de demander dans mes lettres de me faire tuyauter les bons plans, les plans b, les stratégies d’approches et autres bruits de couloir qu’ils se gardent pour se préserver eux, entre expopotes.
   Faisons un peu de théorie du complot alors. En fait le bénédictin reclus ne se mouille pas de peur que je lui fasse ombrage ! Ou bien, pur égoïsme inconscient de protection qui s'éveille à la vue de mes sciences incertaines. Mieux, fainéantise intellectuelle du beni-oui-oui qui ne prend la peine de rien et vous mets illico dans la catégorie looser. Sans notoriété selon les codes des expopotes, on n’est rien. J’en masque les conséquences psychiques, les oublie vu qu’elle ne me font pas rigoler.



nivellement sociétal des expopotes

   Il est particulièrement significatif d'aller voir ce grand mélange sur les réseaux sociaux, private joke entre artistes, critiques, commissaires, directeurs, galeries, dans de la com bien fadasse, des réf. bien ringardes en un mot, les expopotes *. Les universitaires sont aux commandes, les administrations partout, chacun y va de sa petite thèse et les travaux des artistes deviennent leurs visuels, leurs valets. Les artistes qui plaisent ont forcément les esprits déteints par les pseudo-sciences futuristes de ces universitaires, coopérant à cette notion de progrès qui dans leur tête prend des tournures de plus en plus absurdes. Les expos sont partout, tout se répète trop. Tout en même temps, avides de réussite sociale plus que portés par la maturité, les gens coopèrent sur des maigres idées et ils arrivent à ainsi à émerger. Le système est jalonné par des échelles de réussites, alimenté par différents réseaux. La moindre structure décentralisée est prise d’assaut par ces habitués des réseaux et représente en elle-même la première strate dans les hiérarchies des expopotes.
   C’est un système occidental bien huilé, qui se reproduit et s’internationalise à max, tout entier aux mains des intermédiaires. Administrations et secteur privé sont confondus quand il s’agit de se faire émerger. Les petits clans se forment et s'empressent d'exposer et d'ajouter des lignes à leurs CV. Nombreux s’avèrent tout à fait interchangeables, d’autres sont épuisés, semblent comme des ados gâtés, pris au piège d’une étrange responsabilité. Sur internet on peut mieux suivre l’essentiel de toutes ces informations sensibles.       

* on peut s’amuser par exemple avec ce néologisme : Les expopotes sont des gens spécialisés qui prennent du padorex quand ils partent en op.ex.
faiblesse culturelles des expopotes



   Le problème, chez tout universitaire, c’est que les autres arts sont en sourdine dans leur culture. Les sciences molles ont la part belle et tous ces bavardages se situent entre perroquets. Les élites sont aujourd’hui bien loin d’avoir acquis les préceptes d’aptitudes nécessaires à la bonne tenue de leurs vocation qu’avaient les lettrés chinois d’autrefois et très certainement nos ancêtres, sans aucun doute aussi. En effet, dans leurs choix, ces gens nous démontrent qu’ils ne semblent pas avoir prit le temps de s’initier humblement à d’autres sensibilités, leurs philosophes, leurs camarades leurs suffisent.
   Peu importe leurs tabous à propos de grand cinéma ( les sempiternelles combines pour faire survivre les secteurs expérimentaux avant-gardistes) ; leurs goûts musicaux sont liés à des affects, des sensibleries vieillottes, banales et surfaites
(c’est très flagrant sur Fb de constater ce manque de références sérieuses et pointues dans les musiques actuelles vivantes et savantes malgré les concessions faites par les vulgarisateurs musicaux. Ayant fait des études musicales relativement poussées, je connais parfaitement cette histoire, toutes ces histoires, mes références sont indéboulonnables ).  On ne saura jamais ce que pensent les théâtreux des performances qui fleurissent dans la mesure où ils boudent cette forme curieuse forme d’expression ; omissions et révisionnismes et les citoyens lassés les soupçonnent de compromissions ; ils excluent encore les dessinateurs de bd qui se sont pourtant émancipé depuis longtemps ; la littérature (les chroniqueurs à force de s'appesantir sur le même sujet tout en se gardant, faut-il croire, de s’aventurer dans tous les livres) ; le regard technologique ou bien son contraire les savoirs de la mains sont à jamais pour eux une tout autre planète ; la culture générale et ses humanités pas assez orientales (…) ; l’humour, le parent pauvre ; la poésie pour conclure, la poésie de la vérité du langage humain contemporain, pas exactement en recueils imprimés ou déclamée en petit comité non, la poésie issue d’un voyage planétaire ethno- psychanalytique aventureux.

   Géographiquement, c'est à croire qu’il n’y a que l'exotisme qui soit de mise dans les expositions actuellement en France. Les titres sont en anglais, on ne prend plus la peine de traduire ou sous-titrer et plus les artistes sont internationaux, plus cela sous-entend que le commissaire a un réseau d'amis sur toute la planète, que le directeur et les commissions collégiales sont hipes. Pourquoi tant de remu-ménage. La transdisciplinarité entre universitaires, entre expopotes, c’est de la petite cuisine de réunionnite avec tout qui se nivelle.   



 expopotes dans la réalité

   Fraternité atrophiée, égoïsme à outrance, suffisance, voilà ce que j'ai vécu quand je me suis frotté à la réalité de quelques-uns, des artistes expopotes de ma génération, que je rencontrai par hasard par l’entremise de gens tout à fait ordinaires. « - j'ai eu de la chance, moi. » qu'ils m'ont répondu les artistes expopotes. Dans mon for intérieur je me disais que moi aussi, j’ai de la chance, je viens d’autre part alors je disais à mon tour «  – tu peux m’aider ? ». Bref, on n’est pas devenu amis vu que eux en ont déjà plein de très chers et bien au chaud amis, c’est débrouille-toi et à chaque fois ça a fait pschitt !  Des gens si peu enclins à vous aider à affronter d’enquiquinants problèmes. Quand on n’est pas expopote, ces vocations paraissent si peu curieuses. *

 

RÉSULTATS DE MA PERSÉVÉRENCE DANS L’ÉCRITURE

Sur les blogs
   J’ai lu parfois dans des interviews d'artistes contemporains, a priori intéressants, mais qui disaient des choses qui m’ont fait sursauté, de déception. De ces détails, j’en fis des constats plus généraux, il y avait aussi ce que je ne lisais jamais, des non-dits idiots, on tournait dans ce monde toujours autour des mêmes pots. Avec l’avènement du web, j'ai commencé à faire des commentaires sur le web, pour remettre les pendules à l'heure vu que personne semblait se mouiller pour exprimer d’autres points de vues. N’avais-je pas les moyens de mesurer mon éclectisme, mon élitisme ? Cette expérience d’implication dans un média, cette prise de parole a représenté une soupape à mon isolement et m’a de par ce fait, progresser dans l’écriture. Un jour, l’animateur du blog me rétorqua par mon vrai pseudo. J’étais dans un semi anonymat, pris successivement de nouveaux pseudos (à tirroir) et je me suis progressivement habitué à rédiger ces hardiesses, à comparer arts plastiques avec d'autres arts (ça, ils n'aiment pas), mettre de la vraie culture générale, et avec une approche d’ingénieur parfois. Pour éprouver mon sophisme, m'amuser avec mes propres techniques de maniement du vocabulaire, pour bien faire voir que je suis libre penseur (non formaté), pas un troller. J’ai poussé parfois le bouchon trop loin jusqu’à me faire censurer, je n’ai rien dit. Rarement, d'autres posteurs ont relativement abondé dans mon sens, voilà qui m’a réconforté et après. J’ai tenté des approches privées pour rencontrer ces gens. Pas de réponses.
   Politiquement des erreurs, j'en n’ai pas fait, mais la conception héroïque de l'existence a quand même un prix.
Dans ces commentaires, j'ai souvent soigné l'humour, la revendication aussi, mais en définitive, jamais personne ne m'a contacté et je restais dans mon coin.
  Paranoïas de franc-tireur en une phrase réaliste : les personnes visées, excédées par mon culot veulent savoir qui se cache derrière mon pseudo, je suis grillé, mais je n'en saurais jamais rien. Le cap dans cette histoire, c’est mon corps qui l’a annoncé, pendant l’accident de Fukushima m’éruptait un zona autour du cœur. L’événement calma mes ardeurs et je changeais d’attitude. Aujourd’hui, le rédacteur du principal blog où je fis principalement des commentaires connaît mon travail et même parfois, c’est mis a abondé en mon sens (je fais encore des posts de temps en temps), il me soutient, me dit comprendre ma colère, j’en suis là, dans cette relation.



mon langage facebookien, une ligne éditoriale généreuse

   J’ai trouvé dans Fb un moyen pour distraire mes journées. Comme j’ai acquis du flair pour glaner (…), j’y ai déniché des super-posteurs et ma politique, c’est la redistribution d’images et d’infos très sélectes. Par exemple aussi, voilà plus de 10 ans que je suis un assidu du cultissime blog boingboing sauf que je ne savais pas quoi faire de mes trouvailles multi-culturelles. Sur Fb, quotidiennement de mon ordi, j’arrive à ajouter une, plusieurs petites briques et faire ma propagande d’idées, une ligne politique éditoriale bien à moi quoi, ordonnancer mes choix iconographiques sensibles et de (relative) grande culture. Par ailleurs, sachant être spirituel, j’ai appliqué mes avis, mes solutions, dans des commentaires et me suis ainsi fait une nouvelle sorte d’amis. Il faut néanmoins relativiser, savoir s’étendre sans se répandre, étourdissements, fin de la parenthèse.    


écrire, parler

   Mon autonomie, à la fois voulue et à la fois subie, m'a amené à m’adapter, à me forger de nouveaux outils et aujourd'hui sur mon clavier, certains pensent que je suis un littéraire. Je leur rétorque avoir apprit à une période, un instrument de musique et que c’est formateur pour délier les doigts. Comme je présente moi-même mon travail sur mon site, cette pratique journalistique représente un entraînement régulier, une nécessité, mais tout le monde ne sais pas que je suis au départ artiste, grand parleur, sophiste. Je suis par exemple aussi, par la force des choses, président du conseil syndical d'une copropriété et écrire, c’est l’habitude de la lutte à longueur d'année pour limiter la déliquescence bien réelle du travail de notre société de gestion.
   Je l’avoue, les tranches de travaux psychanalytiques m'ont aidé aussi à structurer mon assurance, mes formulations verbales, les résolutions harmonieuses et grâce à tous mes travaux de recherches, mes combinatoires et leurs multi-réussites, me voilà qui jubile avec langages et méthodes. Maîtriser les moyens pour tout prendre en compte, voilà ma maturité. Arriver à écrire et en faire quoi, à part communiquer, à part être gênant ? Être artiste littéraire, je ne crois pas à ces gens qui portent trop de casquettes.
   J’ai réalisé cette année que je glissais de plus en plus le terme poète  aux cours de conversations, c’est là que j’ai vu l’impact existentiel que cela produisait sur les autres dans la réalité. On proclame sans s’en rendre compte, après on réalise que sa propre liberté s'est encore au-delà étendue. C’est ça, l’événement. Je n’ai pas à prouver que je suis révolutionnaire, vu qu’il n’y a pas d’inventions dans mon identité vraie. Savoir être intuitif puis invoquer tant et tant, voilà le résultat. Alors maintenant quand on me demandera profession, je répondrai poète, c’est mieux pour partir en op.ex.
   Parce que c’est dans ma vie d'homme de tous les jours, avec les habitants de ma ville, dans mes voyages, à travers mes rencontres, que je sens cette légitimité aujourd’hui. Cela nécessite beaucoup d’apprentissages et il en faut pour avoir du répondant politique dans l’écriture, la seule arme dont disposent ces gens de pouvoir qu’il me faut contrer. Les pseudo-élites, c’est bon, j’ai compris leurs intimes mensonges, leurs doutes existentiels, leurs tragédies et que sais-je encore, je me demande s’ils ont entendu parler de certaines études, de certains livres et quantités d’autres petites musiques.



Les solutions trouvées à cette vie dans l’ombre

   Il y a aujourd'hui un tel historique dans mon travail, une telle diversité à valoriser, des projets réels et magnifiques en plans, annulés, en veilles, qu’il faut aller plus en amont des choses. L’objectif d’une exposition comme finalité a dévié au profit de mon website et je me suis progressivement habitué à mes pages internet. Dorénavant, comment éditer mes documentaires bien remaniés cette année, maintenant qu’ils sont bouclés ? Faire passer ce travail dans les mains de professionnels dans ce domaine parce que je n’ai pas les compétences ni exactement le tempérament pour gérer la post-production. Je travaille tout le temps dans la mesure où je ne suis pas porté sur les loisirs non-culturels. Je m’occupe de plein de choses avec surtout durant cette année, la préparation de photos en studio, aidé par d’autres gens, financé par mes propres économies et où je me suis attelé à de nouvelles activités (casting, costumes, production). Si j’arrive à faire cela, c’est que j’ai le privilège d’être un vrai précaire, depuis plus de vingt ans ! C’est le département qui subventionne cette vie incroyable et chaque année je leur fais un exposé sur mes activités en cours (la réalité c’est de tps en tps des chantiers de finitions au noir vu que j’en connais un bon rayon, je ne leur dit pas que je suis fier de toutes ces expériences concrètes et professionnelles, ces métiers d’expérimentés, n’est-ce pas). Je pense qu’ils comprennent que mettre sa vie sur l’autel de l’art représente une gestion plus complexe, que cela requière une endurance hors du commun, une foi inébranlable. Habitué au minimum efficace, aux équilibres des rendements productifs, mais que me réserve l’avenir ? Imaginer comment s’en sortir… Vivre comme une sorte de moine-soldat des colonies, en dialecticien passionné, en attendant, en espérant que ça aille mieux, enfin.


jeunes galeries, centres d’art

   J’étais tellement dégoûté du comportement des expopotes que je suis allé voir en Corée ce qui s’y passait et leurs montrer mon travail ! C’était il y a 5 ans et ce fut une excellente expérience. Je fis une fois une rencontre intéressante et professionnelle, sans conséquences évidemment (sinon le voyage fut pour le moins inattendu dans la région). J’allais l’année suivante à N.Y.C., les expopotes sont idem à ici, ils suivent les mêmes codes.  
Depuis, j’ai une fois vu sur le web, une galerie intéressante au Japon… Il doit y en avoir en Europe aussi, en Amérique évidemment. Un website et une promo pour se faire connaître tout azimut peut poser des problèmes car mon travail est tel que je peux me faire piquer certaines idées à mon insu et du coup, le paradoxe c’est que je ne veux pas dévoiler mes super-idées. Exposer mon travail me préoccupe de moins en moins vu que cela pose tous ces problèmes insolubles que je tente ici d’expliquer. Suivre mes processus et production qui évoluent vient bien avant ces soucis, je me suis déphasé et mes problèmes se décalent. Est-ce à dire que je me bloque, que je sois têtu ? Je suis en attente de rencontrer des gens, me faire des nouveaux amis ou artiste = exposer. Je suis lassé de ma vie sociale qui va en se paupérisant, c’est absurde alors que j’ai trop de répondant ? *



aberrations du Centre national des Arts Plastiques

   Je poste un commentaire sur le mur d'un artiste en vogue sur Fb en évoquant ma surprise et mon mécontentement de voir que le Cnap aide une galerie qui vend de la jeune peinture pompier. Mon commentaire est supprimé et je me fait insulter. Il faut semble-t-il être bien vu du cnap.  
   Le Cnap est la seule instance à qui je peux demander une aide, une bourse, vu qu’ils en propose une, de recherche. Les centres d’art, les trucs privés, les trucs noyautés, c’est pas la peine étant donné que je suis allé pioché autres part, à contre-courant et mes résultats sont là, c’est clair. Je suis intègre de nature et ma demande est légitime, sauf qu’aujourd’hui, vu la conjoncture, proposer un projet pour  obtenir une bourse au cnap est pour moi peine perdue. J’en ai fait l’expérience. De jeunes ignares étriqués ne sélectionnent pas votre dossier (ils sont inconsciemment juge et partie, je doute fort qu’ils aient des directives). Il y a des membres dans les commissions à qui je rétorquerais bien des choses et comme d’habitude, les expopotes passent avant. D’année en année, j’assiste au désastre de ces choix qui s’avèrent conventionnels et malheureux.   
   On trouve beaucoup d’aberrations dans le fonctionnement du cnap (pour en prendre connaissance, il suffit d’ explorer leur site). Par exemple ce qui m’a beaucoup choqué, un photographe typique expopote avec grande liste d’expos dans des centres d’arts, bourses en tout types et compagnie, professeur dans une école des beaux-arts, dont le travail est présenté et (a priori vendu) par une galerie parisienne, ce monsieur qui n’est pas à plaindre donc et qui fait des images dont la production reste simple et nous rappelle bien d’autres photographes et bien le Cnap lui tire le tapis (peut-être encore) cette année.   
   Encore un exemple, leurs acquisitions, et bien en un mot, d’un autre age. Il se trouve par ailleurs que j’ai une œuvre au cnap acquise en 98 et que je cherche à faire évoluer (évidemment, et je tiens à le souligner), mais cette tentative s’est révélée infructueuse, mon interlocuteur s’en fiche, je ne suis pas un expopote quoi. En fait, ce paragraphe peut s’expanser aisément, il y a d’autres pistes que je verrais bien traitées à la façon d’une enquête SherlockHolmesque.



MAIS À QUI DONC ADRESSER CE TEXTE ?

   Il me fallait écrire ce rapport, voilà qui est fait. À qui l’adresser ensuite ? J’ai eu de vagues idées et cette problématique à évolué durant l’année. Déjà au printemps, suite à ce qui s’était passé avec ce directeur de frac, je voulais directement m’adresser à la ministre de la culture mais je ne l’ai pas fait. Ces dernières semaines, c’est au Président de la République auquel, je pensais. Ce rapport tel une doléance légitime, lui qui sait, je pense, ce que l’humour veut dire. J’ai pensé à Annie Le Brun pour son « Appel d’air ». Il y a Françoise Héritier avec son « Goût des mots », Jean-Pierre Winter, Pierre Rosanvallon, et combien d’autres encore (…).
Mes amis, cela les incitera à voir ce que je deviens, c’est déjà cela. Faire des pommes C pommes V tout azimut, il y a tous ces expopotes, cités ci-dessus, mais avant, j’attends des avis. Je peux faire une copie à mon ex-psychanalyste, manière de lui envoyer de mes nouvelles sur un sujet, pour ne pas dire un nœud sociétal insoluble. Je peux faire une copie à mon inspecteur attitré (de ma création artistique), le mystérieux noyeur de poissons. Et puis à l’inspecteur général, aussi ! En 2014, maintenant que je suis poète façon valérien ** devant cet éternel, façon pessimiste tout cru.


olivier/olof/fontaine







* Cf. "Rapport sur l’amateur dans le domaine des arts plastiques" d’Anne Chevrier-Desbiolles, 2010.  À la lecture de l’extrait de sa conclusion (page 290) : mais qui doit se remettre en question ?
* on retrouvera Paul Valéry, pâle oliiver et verdâtre, sur la page FOLOWOLOF